
Le rôle de l’apiculteur
C’est l’apiculteur lui-même qui est d’abord responsable de la bonne santé et de la force de ses colonies. Il n’y a que 2 éléments sur lesquels nous ne pouvons rien faire : le temps et la météo. Pour tout le reste, on peut agir. En premier lieu, l’emplacement du rucher, le choix de la race d’abeilles et la dimension des ruches sont cruciaux et déterminants. Ensuite, il faut au minimum 6 cadres de couvain 3 semaines avant une miellée et un temps propice : chaleur, humidité et pas de vent du nord. Il faut donc beaucoup d’abeilles en bonne santé, au bon moment et faire des visites régulières, une fois par semaine. Comme le montre la photo suivante, les cadres doivent être en majorité pourvus de miel (ou nectar), pollen et pain d’abeille. Le couvain doit être situé au centre et le couvain fermé doit être comme ici bien compact et bombé.

L’essaimage, le nourrissement (miel, sirop et protéines) et les maladies courantes (en particulier la varroose, les loques, la maladie noire, la nosémose ou l’ascosphérose) doivent être rigoureusement anticipés par l’apiculteur avec les bonnes pratiques. Les nouvelles technologies telles que les balances connectées permettent notamment de suivre les colonies à distance mais ne doivent pas dispenser d’une visite hebdomadaire surtout en période de miellée et d’essaimage.
Chaque problème évoqué a donc une solution qui doit être adaptée d’une année à l’autre et c’est justement là la difficulté de l’apiculture d’aujourd’hui. Sans partage des connaissances et interventions dans les ruchers par des gens expérimentés, des erreurs de conduite de cheptel sont inévitables qui peuvent coûter très cher et décourager l’apiculteur. L’auto-formation est possible mais c’est très chronophage et demande des années avant d’avoir des résultats satisfaisants. Autrement dit, si vous voulez optimiser vos rendements et ne pas perdre votre temps, il y a tout un protocole à suivre scrupuleusement. D’autant plus que la saison apicole est très courte (d’avril à mi-juillet chez moi).
Varroa destructor
En France, l’apiculture a bien changé notamment depuis l’apparition du varroa destructor en 1982, comme le montre la photo ci-dessus. Cet acarien, à la base parasite de l’abeille asiatique Apis Cerana, se développe de façon exponentielle dans les ruches. Il et se nourrit des corps gras et de l’hémolymphe de l’abeille. On dit d’ailleurs que son niveau d’infestation doit être inférieur à 50 individus en hiver et à 1000 individus l’été pour assurer la survie de l’essaim. Encore faut-il le savoir, et savoir comment les compter car ils sont rarement visibles à l’œil nu (si tel est le cas votre taux d’infestation est sans doute déjà trop élevé). Tout apiculture qui négligera l’impact du varroa dans ses ruches s’expose à de lourds problèmes sanitaires et diffuse le problème aux ruches voisines. Il existe aujourd’hui des techniques de lutte mécanique, chimique et biologique qu’il faut par ailleurs alterner pour certaines d’entres elles pour éviter les accoutumances.
Frelon asiatique
Ensuite est venu le frelon asiatique (Vespa Velutina) en 2004 dans des poteries dans le Lot-et-Garonne, véritable ravageur pour la biodiversité. Contrairement au frelon européen (Vespa Crabro), le frelon asiatique est capable de cracher son venin à 50 cm et les nids peuvent atteindre 2000 individus contre 300 pour le frelon européen. Ces prédateurs font désormais partie de notre écosystème, il est IMPERATIF de connaître les techniques de lutte pour minimiser leur impact dans les ruches. Un exemple de piège sélectif en fonctionnement (qui ne capture que les frelons asiatiques) a été fabriqué ci-dessous. Mais cela risque de ne pas suffire si un nid de frelon s’est installé à une centaine de mètres de vos ruches. Dans le Rhône, l’expansion du frelon asiatique est impressionnante: 517 nids ont été déclarés en 2022 contre 44 en 2019 !
Produits phytosanitaires, monocultures et adultération des cires
L’apiculture, pratique d’élevage à destination de production de miel et autres produits vertueux pour notre santé (propolis et pollen), est devenue complexe et très technique. S’ajoutant à cela les phénomènes de sécheresse et de gels tardifs d’un point de vue météorologique. Il y a également l’effet indésirable des produits phytosanitaires sur la santé des colonies et celui des monocultures créant un manque de diversité de pollen. Ce dernier est une source de protéines pour les abeilles et est particulièrement important pour le couvain. Une colonie récolte jusqu’à 50 kg de pollen par an ! On parle également de la diminution du temps de vie des reines et de l’augmentation du nombre de mâles nécessaires à leur fécondation. Sans oublier les altérations biologiques, chimiques et adultérations de la cire qui est d’ailleurs le premier intrant dans les ruches.
Face à toutes les difficultés que peuvent rencontrer les apiculteurs, il n’est pas étonnant de noter que la moitié du miel consommé en France est importé ainsi que 90% de la gelée royale. En 20 ans, la production nationale est passée de 35 000 à 13 000 tonnes, soit une baisse d’environ 60 %.